Kadir van Lohuizen

Yuri Kozyrev & Kadir van Lohuizen

Présidé par le climatologue Jean Jouzel, Prix Vetlesen 2012 et co-lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2007 en tant que directeur du GIEC, et sous le haut-patronage de la Ministre Ségolène Royal, ambassadrice pour les Pôles, le 9e Prix Carmignac du photojournalisme, consacré à l’Arctique, a été décerné à Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen. Leur projet de double expédition polaire « Arctique : Nouvelle frontière » porte sur les conséquences de la fonte de la banquise – et sa disparition totale à moyen terme – pour la planète.


Pour la toute première fois, deux photojournalistes ont couvert simultanément les mutations irréversibles que subit l’Arctique pour témoigner des conséquences de la fonte des glaces.
Tourisme, militarisation, exploitation des ressources gazières et minérales, et ouverture de routes commerciales, l’Arctique est aujourd’hui le terrain d’affrontements entre pays et multinationales pour la conquête chaotique de ces zones stratégiques qui resurgissent dans l’histoire des hommes par l’effet du réchauffement de la planète.

Les images d’« Arctique : Nouvelle frontière » de Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen constituent un témoignage alarmant sur la rapidité de la transformation de la région et les bouleversements induits à l’échelle planétaire.


« Les photos de Yuri Kozyrev et de Kadir van Lohuizen [...] nous font découvrir l’Arctique d’aujourd’hui à travers des paysages et une faune qui attirent de plus en plus de touristes, des populations exposées à des climats extrêmes et engagées dans l’exploitation de ressources minières comme le nickel, et de plus en plus dans celle du gaz, du pétrole et du charbon. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la protection de l’environnement ne semble pas au cœur de leurs activités… »
Jean Jouzel


Le reportage a remporté le Overseas Press Club of America 2018 dans la catégorie Best feature photography.

Quelques images du reportage

Ny-Ålesund, archipel du Svalbard, Norvège, juillet 2018. Restes de l'ancien centre minier, fermé en 1962 après un coup de grisou qui a tué 21 mineurs. Un centre de recherche sur l'Arctique et de surveillance de l'environnement l'a remplacé en 1966. Le village, dont la population oscille entre 30 et 150 habitants, dispose d'un aéroport, d’un bureau de poste, d’un café, d’une boutique de souvenirs et d’un musée d'histoire.
Ny-Ålesund, archipel du Svalbard, Norvège, juillet 2018. Restes de l'ancien centre minier, fermé en 1962 après un coup de grisou qui a tué 21 mineurs. Un centre de recherche sur l'Arctique et de surveillance de l'environnement l'a remplacé en 1966. Le village, dont la population oscille entre 30 et 150 habitants, dispose d'un aéroport, d’un bureau de poste, d’un café, d’une boutique de souvenirs et d’un musée d'histoire.
Baie d'Hudson, Canada, juin 2018. Le brise-glace de recherche canadien Amundsen se fraie un chemin dans les glaces épaisses de la baie d'Hudson. Il assure à la fois des missions de garde-côtes et de bâtiment scientifique : des équipes internationales de glaciologues, de biologistes et d'océanographes s'activent dans ses vingt-deux laboratoires de bord.
Baie d'Hudson, Canada, juin 2018. Le brise-glace de recherche canadien Amundsen se fraie un chemin dans les glaces épaisses de la baie d'Hudson. Il assure à la fois des missions de garde-côtes et de bâtiment scientifique : des équipes internationales de glaciologues, de biologistes et d'océanographes s'activent dans ses vingt-deux laboratoires de bord.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Steve Ommituk, ici coiffé d'un masque iñupiat en bois flotté, est un chasseur de baleines menacé comme les autres par la disparition de plus en plus précoce de la banquise.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Steve Ommituk, ici coiffé d'un masque iñupiat en bois flotté, est un chasseur de baleines menacé comme les autres par la disparition de plus en plus précoce de la banquise.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Tout est bon dans l'arvik (la baleine) ! En particulier les acides gras oméga-3 dont elle est très riche.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Tout est bon dans l'arvik (la baleine) ! En particulier les acides gras oméga-3 dont elle est très riche.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Les grands os de mâchoires des baleines boréales servent aussi à marquer les limites du cimetière villageois.
Point Hope, Alaska, États-Unis, mai 2018. Les grands os de mâchoires des baleines boréales servent aussi à marquer les limites du cimetière villageois.
District de Verkhoyansk, République de Sakha (Yakoutie), Russie, juillet 2017. Ces chasseurs de mammouths viennent de découvrir une défense en creusant un tunnel à l'aide de pompes à eau bricolées avec des moteurs de motoneige. Cette année-là, le prix du kilo d'ivoire était de 60 $. Une défense couvre donc à peu près leurs frais d'expédition. Un peu plus tard, l'un des chasseurs m'a dit qu'ils en avaient trouvé une deuxième.
District de Verkhoyansk, République de Sakha (Yakoutie), Russie, juillet 2017. Ces chasseurs de mammouths viennent de découvrir une défense en creusant un tunnel à l'aide de pompes à eau bricolées avec des moteurs de motoneige. Cette année-là, le prix du kilo d'ivoire était de 60 $. Une défense couvre donc à peu près leurs frais d'expédition. Un peu plus tard, l'un des chasseurs m'a dit qu'ils en avaient trouvé une deuxième.
Péninsule de Yamal, district autonome de Iamalo-Nénétsie, Russie, avril 2018. Les Serotetto, une famille d'éleveurs nénètses (officiellement la huitième brigade de la ferme d'État de Yar-Sale), mènent leurs rennes des pâturages d'hiver aux pâturages d'été, plus au nord. Les hardes de rennes peuvent compter de 50 à 7 000 têtes. Les migrations dépendent de la saison et de la pérennité des prairies de lichen dont ils se nourrissent.
Péninsule de Yamal, district autonome de Iamalo-Nénétsie, Russie, avril 2018. Les Serotetto, une famille d'éleveurs nénètses (officiellement la huitième brigade de la ferme d'État de Yar-Sale), mènent leurs rennes des pâturages d'hiver aux pâturages d'été, plus au nord. Les hardes de rennes peuvent compter de 50 à 7 000 têtes. Les migrations dépendent de la saison et de la pérennité des prairies de lichen dont ils se nourrissent.
Péninsule de Yamal, district autonome de Iamalo-Nénétsie, Russie, avril 2018. Une vieille femme nénètse de la famille des Serotetto se repose après installé  son chum, une tente conique faite de peaux de rennes montées sur de longs poteaux spécialement disposés. Chaque année, les Nénètses parcourent avec leurs rennes plus d'un millier de kilomètres.
Péninsule de Yamal, district autonome de Iamalo-Nénétsie, Russie, avril 2018. Une vieille femme nénètse de la famille des Serotetto se repose après installé son chum, une tente conique faite de peaux de rennes montées sur de longs poteaux spécialement disposés. Chaque année, les Nénètses parcourent avec leurs rennes plus d'un millier de kilomètres.
Mourmansk, oblast de Mourmansk, Russie, septembre 2018. Près de 300 cadets fréquentent l’école navale présidentielle Nakhimove, qui tient son nom du célèbre amiral Pavel Nakhimov (1802-1855), mort au combat lors du siège de Sébastopol. Le gouvernement est attaché à l’éducation patriotique des nouvelles générations : entre 2013 et 2018, huit autres institutions de ce type ont été créées dans toute la Russie sur ordre du président Vladimir Poutine.
Mourmansk, oblast de Mourmansk, Russie, septembre 2018. Près de 300 cadets fréquentent l’école navale présidentielle Nakhimove, qui tient son nom du célèbre amiral Pavel Nakhimov (1802-1855), mort au combat lors du siège de Sébastopol. Le gouvernement est attaché à l’éducation patriotique des nouvelles générations : entre 2013 et 2018, huit autres institutions de ce type ont été créées dans toute la Russie sur ordre du président Vladimir Poutine.
Medvezhy Ruchey, Krasnoïarsk, Russie, juillet 2018. Mine à ciel ouvert de nickel et de cuivre dans le kraï de Krasnoïarsk. À partir du milieu des années 1930, des dizaines de milliers de prisonniers, essentiellement politiques, ont trimé et sont morts dans le Norillag, le goulag de Norilsk, la grande ville la plus septentrionale et la plus froide du monde. Aujourd'hui, la mine appartient à Norilsk Nickel.
Medvezhy Ruchey, Krasnoïarsk, Russie, juillet 2018. Mine à ciel ouvert de nickel et de cuivre dans le kraï de Krasnoïarsk. À partir du milieu des années 1930, des dizaines de milliers de prisonniers, essentiellement politiques, ont trimé et sont morts dans le Norillag, le goulag de Norilsk, la grande ville la plus septentrionale et la plus froide du monde. Aujourd'hui, la mine appartient à Norilsk Nickel.

« Comme le souligne le scientifique de l’environnement David G. Barber, le réchauffement est en Arctique deux à trois fois plus important que la moyenne planétaire. Cette amplification est, au moins en partie, due à la diminution des couvertures de neige et de glace, surfaces réfléchissantes progressivement remplacées par des surfaces absorbantes, océan libre ou terre à nu. Depuis les années 1950, l’extension maximale des surfaces enneigées au début du printemps a diminué de près de 3 millions de km2, soit plus de cinq fois la superficie de la France métropolitaine, tandis que la banquise qui couvre l’océan Arctique se réduit considérablement. Si rien n’était fait, le réchauffement moyen serait de 4 à 5 °C en 2100, mais pourrait dépasser 10 °C en Arctique. Or, malgré son succès, l’accord de Paris nous met sur une trajectoire d’un réchauffement moyen supérieur à 3 °C, soit plus de 6 °C en Arctique, voire près de 10 °C dans certaines régions. Déjà visibles aujourd’hui, les conséquences sur les populations, les infrastructures, la faune et la flore risquent d’être dramatiques dans les prochaines décennies. »

Les effets du réchauffement climatique en Arctique
Jean Jouzel, Climatologue et glaciologue spécialisé dans l’Arctique, Co-lauréat du Prix Nobel de la Paix au titre du GIEC en 2007 et Prix Vetlesen 2012
Extrait du catalogue, Arctique : Nouvelle Frontière, 7 novembre 2018.

Yuri Kozyrev portrait

Yuri Kozyrev

Né en Russie en 1963, Yuri Kozyrev est photojournaliste depuis vingt-cinq ans. Il a commencé sa carrière au Los Angeles Times après la chute du bloc de l’Est, dans les années 1990, en capturant les changements rapides de l’ancienne URSS. En 2001, Yuri Kozyrev commence à couvrir l’actualité internationale et parcourt l’Afghanistan et l’Irak en tant que photographe indépendant pour le Time Magazine. Depuis 2011, il documente le Printemps arabe et ses conséquences à Bahreïn, au Yémen, en Tunisie et surtout en Égypte et en Libye. Depuis 2015, il couvre les conflits dans l’est de l’Ukraine, la montée du nationalisme russe et la crise des migrants en Europe.

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Kadir van Lohuizen

Kadir van Lohuizen est né en 1963 aux Pays-Bas. Il s’est lancé dans une carrière de photojournaliste en 1988, avec un photoreportage sur l’Intifada. Au milieu des années 1990, il a couvert des conflits en Afrique ainsi que les conséquences de la chute de l’URSS, mais il est surtout connu pour son travail de fond sur sept des grands fleuves du monde, qu’il a parcourus de la source à l’embouchure. Il a également enquêté sur l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences, sur l’industrie du diamant, sur l’après Katrina aux États-Unis, sur la (mauvaise) gestion des déchets dans six grandes villes et sur les migrations à l’intérieur du continent américain.

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Expositions

Cité des Sciences et de l’Industrie - Terminé
30 Avenue Corentin Cariou, 75019 Paris

Saatchi Gallery - Terminé
Duke of York’s HQ King’s Rd, Chelsea, Londres

Kadir van Lohuizen Monographie

Monographie

Le reportage fait l’objet d’un catalogue bilingue français-anglais, Arctique, Nouvelle Frontière, avec des photographies et des textes de Yuri Kozyrev & Kadir van Lohuizen, Jean Jouzel et David Barber.

Il est co-publié par la Fondation Carmignac et Reliefs Editions.

Prix : 35 euros, 45 USD, 58 CAD, 35 GBP
Format : 24 × 28 cm, 128 pages

Le jury

Jean Jouzel - Climatologue et glaciologue spécialisé dans l’Arctique, Co-lauréat du Prix Nobel de la Paix au titre du GIEC en 2007 et Prix Vetlesen 2012
David Barber - Climatologue spécialiste des changements climatiques en Arctique et Chef scientifique de l’expédition Amundsen (unique brise-glace de recherche canadien)
Emma Bowkett - Directrice de la photographie du Financial Times Weekend Magazine
Pascal Beausse - Responsable de la collection photographie du Centre national des arts plastiques (CNAP)
Nicolas Jimenez - Directeur de la photographie du Monde
Sarah Leen - Directrice de la photographie du National Geographic Magazine
Lizzie Sadin - Photojournaliste, lauréate de la 8e édition du Prix Carmignac
Thierry Grillet - Le Prix Carmignac a eu le plaisir d’accueillir pour la troisième année consécutive Thierry Grillet, Directeur à la diffusion culturelle de la Bibliothèque nationale de France (BNF), comme conseiller artistique.