
"La philosophie derrière ce projet est de respecter et de faire connaître la biodiversité locale singulière, si présente et préservée grâce au travail du Parc National de Port-Cros"
Louis Benech, paysagiste
Le jardin a été conçu comme un « non jardin », un lieu de nature dans lequel nous nous sommes attachés à générer un équilibre par soustraction et protection plus que par addition.
Ainsi, des végétaux pionniers et endémiques ont été conservés ; allant d’abondantes cistes, aux lavandes d’Hyères, en passant par des beautés plus rares et protégées telles que le genêt à feuilles de lin et les sérapias parmi les plus ravissantes orchidées.

La vie du site s’est accompagnée de replantation de nombreux oliviers, afin de garder sciemment un caractère agricole, auxquels s’ajoute un petit verger dans la plaine Nord. Près de la maison construite dans les années 80, des plantes exotiques type Jacarandas ont été ajoutées en réponse aux végétaux d’origines lointaines présents depuis des décennies sur le site : Eucalyptus, Mimosa et des Citrus variés (mandarines, oranges, citrons…).

Un jeu d’apparition et de disparition des œuvres a été aménagé avec les arbres et les arbustes au Sud. Dans le parc Nord, des paravents de cannes de Provence mettent les œuvres en scène.
La terrasse Est est le seul espace calme et plat qui dégage une perspective depuis la villa vers les vignes à travers les chênes vert. Les circulations naturelles en herbes sont tondues ou en terre compactée et varieront dans la plaine au fil des saisons.
Louis Benech – Extraits de la note d’intention
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Des artistes venus du monde entier ont été sélectionnés pour créer des oeuvres inspirées de l’esprit du lieu. Ils ont chacun passé du temps sur l’île de Porquerolles afin de s’imprégner et d’imaginer des sculptures en résonance avec la Villa. Les oeuvres à découvrir dans les jardins jouent ainsi avec la nature environnante et nos sens, interrogeant chacune à leur manière notre présence au monde.
Avec les œuvres de :
Jean Denant – Alexandre Farto AKA Vhils – Jeppe Hein – Gonzalo Lebrija – Wang Keping – Olaf Breuning – Tom Friedman – NILS-UDO – Jaume Plensa – Ugo Rondinone – Ed Ruscha – Ali Cherri - Tom Sachs – Cornelia Konrads – Huma Bhabha - Adrián Villar Rojas
Jean Denant
Né en 1979 à Sète, France

La Traversée, 2018
« Dans l’instabilité d’une Mer psychique, la Traversée d’un soi toujours renouvelée. »
Surface miroitée dont la découpe représente la mer Méditerranée qui s’y reflète, La Traversée
célèbre un territoire cosmopolite, lieu de voyages, d’exils et de migrations. Intégrée au mur de la Villa, l’œuvre crée un espace mental imaginé par l’artiste Jean Denant pour nous relier à la nature environnante : le ciel, les arbres et la mer qui façonnent l’île de Porquerolles. Pensée pour évoluer en fonction de la lumière et de l’angle de vue des visiteur.ses, La Traversée est une œuvre en constante
transformation, animée par le paysage qui s’y réfléchit et par l’image de celles et ceux qui la contemplent.
Tom Sachs
Né en 1966 à New York, États-Unis

Bonsaï, 2018
« Pour moi, l’art est à l’industrie ce que les rêves sont à la réalité. »
Constitué de pièces détachées, ce Bonsaï étonne par les éléments incongrus qui fleurissent au bout de ses branches : brosses à dents, coton-tiges, thermomètres et autres accessoires quotidiennement utilisés pour pénétrer nos corps. Loin d’avoir été choisis au hasard, ces objets liés à notre intimité physique font écho au rituel de purification, une étape essentielle de la cérémonie du thé japonaise à laquelle l’artiste a souhaité rendre hommage. La dimension « bricolée » de l’arbuste – caractéristique de la pratique de Sachs – demeure toutefois une façon de détourner, non sans humour, les codes de cette cérémonie ancestrale.
Gonzalo Lebrija
Né en 1972 à Mexico, Mexique

Avion, 2018
« Ceci est un abri. C’est un arrêt architectonique, où on peut ressentir la chaleur et méditer sur le paysage. »
Ce gigantesque avion en papier réalisé par Gonzalo Lebrija appartient à une série initiée par l’artiste en 2001, à la suite d’un concours de lancer d’avions organisé dans un cabinet d’avocats au dernier étage d’un immeuble de Guadalajara au Mexique. Ce motif est devenu récurrent dans le travail de Lebrija qui, fasciné par la poétique du vol, l’a filmé, photographié et exposé à plusieurs reprises. Par le biais de ce pliage monumental, il détourne ici la vulnérabilité de l’origami en papier pour le transformer en un solide abri de corten où le public, protégé sous l’une des ailes de la structure,
peut trouver refuge.
Jeppe Hein
Né en 1974 à Copenhague, Danemark

Path of Emotions, 2018
« Path of Emotions, inspiré par le paysage local, nous invite à nous déplacer dans un panorama en mouvement et à découvrir ainsi l’environnement sous des perspectives inhabituelles. »
Inspiré par la forme de la fleur achillée présente dans le jardin de la Villa, le labyrinthe imaginé par l’artiste danois Jeppe Hein évoque par ses cinq courbes entrelacées la spirale de Fibonacci, une suite mathématique présente dans la nature. L’installation, entièrement composée de panneaux en miroirs, a été conçue pour que le·a visiteur·se se fonde dans le paysage qui s’y reflète. Elle convie le public à déambuler dans un espace mental, encerclé par les multiples reflets de sa propre image.
Provoquant la perte de nos repères, ce labyrinthe abrite néanmoins un puit surmonté d’un plan, indiquant si besoin la sortie.
VHILS
Né en 1987 à Lisbonne, Portugal

Scratching the surface Porquerolles, 2018
« Je dissèque les murs pour rendre visible l’invisible. »
Observant les visiteurs en train de déambuler dans la prairie, l’œil géant qui apparaît sur l’une des façades du cabanon situé dans le jardin nord – visible dans le film Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (1965) – a été réalisé par le street artist Vhils. Son titre, Scratching the Surface Porquerolles, fait référence à la technique employée par l’artiste, attaquant la surface du mur au marteau-piqueur pour faire émerger ses compositions. Rendant hommage aux personnes qui façonnent l’identité de l’île, Vhils a représenté sur les autres façades du cabanon les visages des habitant·e·s de Porquerolles, dont les traits sont depuis inscrits dans le paysage.
Cornelia Konrads
Née en 1957 à Wuppertal, Allemagne

Le Tourbillon, 2018
« L’œuvre est composée de morceaux de bois flotté que j’ai récoltés sur les plages de Porquerolles. Les courants marins les ont transportés autour de l’île et, ensemble, ils poursuivent leur voyage en un mouvement ondoyant. »
Fruit d’une résidence à Porquerolles, Le Tourbillon réalisé par Cornelia Konrads est l’expression des forces naturelles à l’œuvre dans les forêts de l’île. Composée de morceaux de bois flotté, ramassés sur place par l’artiste et les équipes du Parc national de Port-Cros, cette tornade insuffle la vie aux branches que l’on pensait inanimées. Elle est à l’image de la démarche de Konrads, qui cherche à incarner dans ses installations les puissances invisibles présentes dans notre environnement. Donnant le sentiment d’être « figé » sur place, Le Tourbillon est l’un de ces « lieux intermédiaires » matérialisés par l’artiste, où le temps semble suspendu.
Huma Bhabha
Née en 1962 à Karachi, Pakistan

Receiver, 2019
« Le monstre et les autres formes du monstrueux et du grotesque m’inspirent. »
Créature alien à la croisée des genres, Receiver semble à la fois venir d’un futur apocalyptique et d’un passé lointain. Coulée dans le bronze à partir d’un liège sculpté, cette œuvre est à l’image des références culturelles multiples qui imprègnent l’univers plastique d’Huma Bhabha, inspirée par la statuaire grecque, les films de science-fiction autant que par la ville cosmopolite de Karachi au Pakistan dont elle est originaire. Être extraterrestre aux grandes oreilles, presque cyborg, et dont les mains jointes sous la poitrine évoquent d’anciennes figures votives, Receiver apparaît comme une figure de culte à l’écoute des conversations du monde.
Adrián Villar Rojas
Né en 1980 à Rosario, Argentine

The Most Beautiful of All Mothers (XII) - Bison, 2015
"Je vois ce que le langage appelle un 'artiste' comme quelqu'un qui sait lire son époque."
Le Bison imaginé par l'artiste Adrián Villar Rojas appartient à la série The Most Beautiful of All Mothers, présentée en 2015 à la Biennale d'Istanbul. La série, composée de vingt-neuf animaux en ciment blanc disposés sur des plateformes flottantes le long des rives du Bosphore, dévoile des espèces hybrides, rescapées d'un monde en train de disparaître. À mi-chemin entre fiction et réalité, Bison transporte sur son dos les débris d’un passé lointain, constitués d’espèces animales (un cheval, un chien, un hippopotame), d’objets divers et d’éléments organiques, dont les plumes des
faisans du jardin. Mise en garde contre la puissance destructrice de l’Homme, l’œuvre projette ainsi la fin de l’Anthropocène.
Wang Keping
Né en 1949 à Pékin, Chine

LOLO, 2018
« J’ai utilisé deux formes en “L” et deux formes en “O”pour composer cette sculpture, je l’ai appelée LOLO. »
Inspirée par les courbes des corps féminins, la sculpture LOLO réalisée par l’artiste chinois Wang Keping tire également son nom des formes en « L » et en « O » qui composent sa silhouette. Reproduction monumentale d’une sculpture en bois préexistante, elle est une ode à la fertilité de la matière qu’il taille, modèle et polie inlassablement depuis les années 1970. Inspiré par les arts premiers, la statuaire antique ou encore la philosophie taoïste, l’artiste, animé par la quête d’une forme universelle, a longtemps cherché à représenter une Vénus originelle dont la composition épurée et intemporelle serait entièrement abstraite.
Olaf Breuning
Né en 1970 à Schaffhausen, Suisse.

Mother Nature, 2018
« Mère Nature nous dévorera, c’est certain, dans quatre milliards d’années et demi ! Jusque-là, essayons de faire preuve de gentillesse à son égard afin qu’elle ne nous dévore pas plus tôt. »
Sculpture monumentale dont la couleur rouge vif contraste avec la verdure environnante, l’œuvre imaginée par Olaf Breuning nous met en garde contre une nature menaçante, prête à nous dévorer. Réalisé à partir de l’un de ses croquis, ce monstre cartoonesque en trois dimensions retranscrit le sentiment éprouvé par l’artiste suisse au contact de la végétation luxuriante du site lors de sa première visite sur l’île en 2014. Adoptant une tonalité humoristique propre à son univers plastique décalé, il détourne l’image de la mère nourricière afin de la transformer en créature loufoque et vengeresse, gardienne autoproclamée d’un espace naturel protégé.
NILS-UDO
Né en 1937 à Lauf an der Pegnitz, Allemagne

La Couvée, 2018
« Ma démarche est de faire ouvrir les yeux et les cœurs à la réalité de la nature. »
Dissimulés à l’abri des regards, les cinq œufs en marbre de Carrare réalisés par Nils-Udo ont été disposés selon la volonté de l’artiste dans la forêt qui entoure la Villa Carmignac. Variation des « nids » qui constituent depuis 1978 le cœur de sa pratique artistique, l’œuvre est révélatrice de l’obsession de Nils-Udo pour la symbolique associée à ce motif, évocateur du paradis perdu et de la matrice originelle. Fruit de la rencontre entre trois éléments – le marbre, la terre et la forêt – La Couvée est une scène de gestation hors norme célébrant les forces créatrices de la nature.
Jaume Plensa
Né en 1955 à Barcelone, Espagne

Les trois Alchimistes, 2018
« Elles [ Les Trois Alchimistes ] appartiennent à cette nature magnifique et la nature doit finir les œuvres pour moi. »
Les Trois Alchimistes imaginées par Jaume Plensa adoptent les traits de Duna, Rui Rui et Laura, trois jeunes filles dont les visages ont été étirés vers le ciel. Reproduits dans trois blocs de bronze dont la patine a été pensée pour évoluer au contact des éléments de l’île, ces visages invitent au silence et à l’introspection. Selon l’artiste, la forêt est un espace de transformation intérieure dont ces figures aux yeux clos gardent l’entrée. Elles ont ainsi été nommées d’après les alchimistes du Moyen Âge, personnages qui jadis exploraient les transformations de la matière, et considérés dans la tradition méditerranéenne comme des métaphores de la vie après la mort.
Tom Friedman
Né en 1965 à St. Louis, États-Unis

Untitled (Peeing Figure), 2018
« Je considère l’art comme un contexte permettant de ralentir l’expérience de celui qui le contemple à travers le prisme de sa vie quotidienne, afin qu’il réfléchisse à des choses qu’il n’a jamais envisagées, ou qu’il les considère d’une toute autre façon. »
Prise en flagrant délit d’uriner sur la végétation du jardin, pantalon baissé aux chevilles tel un enfant, la Peeing Figure de l’artiste Tom Friedman a été réalisée à partir d’une maquette d’aluminium marquée par des produits de la consommation courante. Coulée et moulée à la cire, elle a ensuite été transformée en une sculpture d’acier inoxydable, puis complétée par un câblage électrique figurant un jet d’urine. Décalée et provocante, l’œuvre dissimulée dans les buissons du parc nous interroge sur notre statut inconfortable de « voyeur », témoin involontaire d’une scène aussi banale qu’humoristique.
Ugo Rondinone
Né en 1963 à Brunnen, Suisse

Four Seasons, 2018
« Ma préoccupation principale est de mettre en lumière l’intersection entre le monde des êtres humains et celui de la nature, ainsi que les limites de notre conscience lorsqu’il s’agit de définir une telle rencontre. »
Orientées selon les quatre points cardinaux, les figures d’Ugo Rondinone modelées du bout de l’index incarnent les visages des quatre saisons : le réveil du printemps, l’allégresse de l’été, la douceur de l’automne ou encore la moue endormie de l’hiver ; toutes font appel à nos souvenirs d’enfance par leur bonhomie et leur aspect énigmatique. Évoquant par leur disposition circulaire le cycle des saisons, elles font allusion à l’inexorabilité du temps qui passe. La tonalité de ces étranges figures, oscillant entre candeur, trouble et mélancolie, rappelle la figure du clown désenchanté, un alter ego qu’Ugo Rondinone a mis en scène dans plusieurs de ses installations.
Ed Ruscha
Né en 1937, Omaha, Etats-Unis

Sea Of Desire, 2018
« J’aime l’idée qu’un mot devienne une image, qu’il quitte presque son corps, puis qu’il revienne et redevienne un mot. »
Emblématique des larges enseignes publicitaires qui jalonnent le paysage américain, le gigantesque billboard installé sur l’ancien court de tennis de la Villa est recouvert d’un ciel crépusculaire sur lequel flotte le titre de l’exposition inaugurale de la Fondation, « Sea of Desire ». Inscrit dans la police signature d’Ed Ruscha, le « Boy Scout Utility Modern » qu’il a lui-même designé au début des années 1980, le titre occupe, tel un paysage, le centre de cette œuvre située en extérieur. Il témoigne du lien puissant que l’artiste entretient avec les mots, symbole et matière première de son œuvre. Les couleurs du soleil couchant et la forêt de pins qui l’entourent rappellent quant à elles le ciel et la côte de Californie, où réside l’artiste.
Ali Cherri
Né en 1976 à Beyrouth, Liban
