
« Ce lieu a été créé pour le plaisir de partager ce que j’aime avec le plus grand nombre. Je préfère le mot «partager» à celui de «transmettre». C’est la raison pour laquelle j’aime les œuvres accessibles. »
Édouard Carmignac
Au départ, il y avait une ferme, visible dans le film de Jean-Luc Godard « Pierrot le fou ». Dans les années 1980, un architecte inventeur de la terre armée, Henri Vidal, transforme la ferme en villa. Invité au mariage d’une de ses filles, Édouard Carmignac tombe sous le charme du domaine. Il imagine en faire plus tard un lieu dédié aux arts. Ce projet prend forme ces dernières années, avec la participation de l’atelier Barani pour la conception, puis de l’agence GMAA pour l’adaptation et le prolongement du projet.
La Villa Carmignac est insérée au cœur d’un Parc national et sur un site classé, aucune emprise supplémentaire sur le sol n’est possible. Tout le projet a donc consisté à dégager 2000 m2 d’espace sous la surface du sol, sans que les contours de la maison ni le paysage existant en soit modifiés.
A l’intérieur de la villa, les espaces se dilatent et se déploient en forme de croix. Au centre, un plafond d’eau laisse pénétrer la lumière naturelle et éclaire les espaces ainsi immergés. Le visiteur déambulera librement dans des espaces amples et ponctués de percées visuelles sur les vignes.
Dans un geste sobre et intégré au paysage, le bâtiment répond techniquement à toutes les normes muséales, permettant à la Villa Carmignac d’accueillir des œuvres dans les meilleures conditions.
L'Architecture de la Villa
Les oeuvres permanentes de la Villa
Miquel Barceló
Né en 1957 à Felanitx, Espagne

Alycastre, 2018
« ... Tout le monde se reconnaîtrait devant un crâne de mort. »
Gardienne de la Villa, cette sculpture monumentale a été inspirée par la légende locale de l’Alycastre. Cette dernière raconte qu’un terrifiant monstre marin, envoyé par le dieu Poséidon pour semer la terreur sur l’île, aurait été vaincu par Ulysse au cours de son Odyssée. Dans cette version imaginée par Miquel Barceló, l’œuvre évoque autant une créature palmée qu’une troublante tête de mort, référence au passé corsaire de Porquerolles au XVI e siècle. Déclinaison en bronze d’un premier modèle façonné par les mains de l’artiste, celle-ci semble avoir été remontée à la surface après une longue immersion dans les profondeurs de la mer.
Miquel Barceló
Né en 1957 à Felanitx, Espagne

Not yet titled, 2018
« Je me souviens avoir essayé de dessiner ou peindre la mer toute ma vie. »
Comparant volontiers la peinture avec la plongée en apnée, Miquel Barceló perçoit la mer comme le prolongement de son atelier. Dans cette œuvre réalisée pour la Villa Carmignac, l’artiste s’est inspiré des grottes sous-marines et des eaux de l’île de Porquerolles. Sa rencontre avec un poulpe lors d’une journée de baignade lui a inspiré cet aquarium rempli de krakens, de calamars géants et autres céphalopodes, évoquant les premières formes de vie sous l’eau. Enveloppant physiquement le·a visiteur·se, ce tableau a été réalisé en superposant plusieurs couches de peinture, auxquelles Barceló a associé du charbon et des pigments de sa création.
Bruce Nauman
Né en 1947 à Fort Wayne, Etats-Unis

One hundred fish fountain, 2005
« Le véritable artiste est une étonnante fontaine lumineuse. »
Composée de lavarets, de saumons et de poissons- chats flottant dans l’air, One Hundred Fish Fountain rassemble les espèces capturées par Bruce Nauman et son galeriste Donald Young dans la région des Grands Lacs américains. Ces quatre-vingt-dix-sept poissons en bronze d’où jaillissent de minces jets d ’eau, évoquent les après-midi de pêche que l’artiste passait avec son père étant enfant. Alternant des séquences de jets puissants et sonores de quinze minutes espacées par des moments de goutte à goutte quasi silencieux, l’installation évoque le cycle continu de la vie. Elle rappelle l’un des premiers autoportraits de l’artiste qui, en 1966, s’était photographié en train de cracher un jet d’eau – une référence humoristique à la célèbre Fontaine de Marcel Duchamp.
Janaina Mello Landini
Née en 1974 à São Gotardo, Brésil

Ciclotrama 50 (wind), 2018
« Cette œuvre vous invite sur des voies qui se révèlent et remettent en question l’unité. Ici commence le périple menant à la découverte des possibilités infinies qu’offre toute expression artistique. »
Constituée d’une corde de bateau nouée autour d’un taquet en marbre, l’œuvre Wind appartient à la série des « Ciclotramas » – néologisme employé par Janaina Mello Landini pour désigner le projet qu’elle développe depuis 2010. Cette installation organique, disposée à l’entrée du parcours, a été pensée comme une invitation à se perdre dans les profondeurs du bâtiment. Les fils qui la composent ont été méticuleusement disposés dans l’espace afin de maintenir la structure en tension : ils tissent ensemble un nouvel espace poétique, faisant écho au système racinaire des plantes ou aux terminaisons nerveuses du corps humain.
Tony Matelli
Né en 1971 à Chicago, États-Unis
