Libye : Plaque tournante du trafic humain
7ème édition
Prix Carmignac du photojournalisme
Six ans après la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011, la Libye est en proie à une crise politique, militaire et humanitaire sans précédent. Alors que le gouvernement d’unité nationale créé sous l’égide de l’ONU ne parvient toujours pas à faire respecter son autorité, de violents combats continuent d’éclater quotidiennement sur le territoire entre milices et factions rivales. L’élan d’espoir initié au lendemain de la révolution a désormais laissé place au chaos.
Le Prix Carmignac du photojournalisme a décidé de soutenir un projet de fond sur ce pays dont nous ne recevons aujourd’hui presque plus d’images.
Narciso Contreras a ramené pour le Prix Carmignac du photojournalisme un témoignage sur la brutale réalité du trafic humain aux confins de la Libye post-Kadhafi où il s’est rendu de février à juin 2016. Il met en lumière une nouvelle crise humanitaire qui voit les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile se retrouver à la merci de milices qui les exploitent à des fins commerciales et économiques. Retenus dans des centres de détention, ces populations sont soumises à des conditions de vie inhumaines liées à la surpopulation carcérale, l’absence d’infrastructure sanitaire et les violents passages à tabac.
Tout au long de ce reportage, le photojournaliste tisse un récit captivant soulignant comment, au lieu d’être un endroit de transit pour les migrants en route vers l’Europe, la Libye est en réalité devenue une place forte du trafic d’êtres humains où les gens sont quotidiennement achetés et vendus.
Le Lauréat
Narciso Contreras est né en 1975 à Mexico.
Photographe documentaire, il a couvert depuis 2010 de nombreux sujets en Asie du Sud et au Moyen Orient. Il focalise son travail sur la question du coût humain lors des conflits et des guerres, souvent liés à l’économie. Son but principal est de contribuer à construire notre mémoire visuelle du monde dont il est témoin lors de ces reportages. A l’issue de ses études de philosophie, de photographie et d’anthropologie
visuelle, il part en Inde pour vivre et étudier dans un monastère, tout en photographiant différentes communautés religieuses. Dès lors, Narciso continue à couvrir des conflits peu connus comme la guerre ethnique en Birmanie et la guerre oublié au Yémen, aussi bien que des événements majeurs actuels comme le coup d’Etat à Istanbul, le conflit de Gaza, la révolution militaire en Egypte, la guerre en Syrie ou le conflit tribal en Libye.
Le travail de Narciso en Syrie a été récompensé en 2013 par le Prix Pulitzer, ainsi que par le Pictures of the Year International. Au cours de sa carrière il a collaboré à de nombreux titres de presse et sources médiatique dans le monde, comme TIME magazine, The Guardian, The New York Times, Paris Match, parmis tant d’autres. Il a aussi collaboré avec différentes organisations non gouvernementales comme MSF (Médecins sans frontières).
« L’équipe du Prix est l’intermédiaire logistique du lauréat sur le terrain. Nous travaillons avec des consultants et partenaires logistiques, des fact-checkers et analystes et des ONG afin qu’il puisse – et en temps réel – avoir tous les outils nécessaires pour mener son investigation à bien et de s’orienter dans un pays contrôlé par des milices. »
Libye, plaque tournante du trafic humain
C’est au début de 2016 que Narciso Contreras a commencé à s’intéresser à la crise des migrants.
Son hypothèse : la Libye est non seulement une destination transitoire pour les migrants, mais aussi un pays en pleine guerre tribale. Un pays riche en pétrole, minerais et ressources naturelles. La Libye est la patrie de plusieurs tribus ennemies de longue date, qui s’affrontent pour le contrôle du pays et de ses finances. Les migrants de passage sur leurs terres constituent la dernière monnaie en date.
Trois voyages entre février et juin ont permis à Contreras de relater une vérité restée complètement sous silence jusque-là. Il existait déjà des témoignages sur des centres de détention et sur le trafic d’êtres humains, mais en raison de la peur des conséquences et de la difficulté d’accéder à ces centres, l’affaire ne s’était jamais ébruitée.
Au cours de ses recherches, Contreras est passé de bureau en bureau, luttant contre une bureaucratie surréaliste pour tenter de vérifier la position officielle du gouvernement libyen.
Les haut placés ont déclaré qu’ils étaient bien conscients de cette crise, mais qu’ils étaient dépassés et qu’ils avaient besoin de l’aide internationale. Toutes les tentatives de Contreras pour confirmer ces déclarations ont échoué. Au cours de ses recherches, Contreras est passé de bureau en bureau, luttant contre une bureaucratie surréaliste pour tenter de vérifier la position officielle du gouvernement libyen. Les haut placés ont déclaré qu’ils étaient bien conscients de cette crise, mais qu’ils étaient dépassés et qu’ils avaient besoin de l’aide internationale. Toutes les tentatives de Contreras pour confirmer ces déclarations ont échoué.
Il a fini par en conclure qu’au lieu de chercher à résoudre le problème, les autorités libyennes dirigent et profitent de ce trafic d’êtres humains.

Le jury
Brett Rogers Directrice de la Photographers’ Gallery (Londres), Présidente du Jury de la 7e édition du Prix Carmignac du photojournalisme
Patrick Baz Fondateur du Desk photo pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à l’Agence France Presse
Reza Photojournaliste
Janine di Giovanni Rédactrice en Chef de Newsweek pour le Moyen-Orient
Thierry Grillet Directeur à la diffusion culturelle de la Bibliothèque nationale de France (BNF)
Mikko Takkunen Photo-editor au New York Times
Christophe Gin Lauréat du 6e Prix Carmignac du photojournalisme
Expositions
Monographie

Libye : plaque tournante du trafic humain
Coédité par : Skira/ Fondation Carmignac
Date de publication : 7 novembre 2016
Contributeurs : Narciso Contreras,
Prix : 35 euros, 45 USD, 58 CAD, 35 GBP