Finbar O'Reilly

Finbarr O'Reilly

Le 11e Prix Carmignac du photojournalisme – consacré à la République démocratique du Congo (RDC) – a été attribué au photographe canadien et britannique Finbarr O’Reilly.

Son reportage a débuté en janvier 2020, avant l’irruption de la pandémie de coronavirus et le confinement de la planète. En raison de l’aggravation de la situation sanitaire et de la fermeture des frontières, un fonctionnement différent s’est imposé. Finbarr O’Reilly et l’équipe du Prix – en lien étroit avec le jury de la 11e édition – ont repensé les contours de ce travail face à la crise et ont lancé « Congo in Conversation », un reportage collaboratif réalisé avec une dizaine de photographes congolais qui a été publié dans une monographie et exposé à l’international.


Lorsque les frontières ont rouvert, Finbarr O’Reilly a pu reprendre son reportage en RDC. La Fondation Carmignac a l’honneur de présenter son travail dans une nouvelle monographie « Congo, Une Lutte Sublime », dont le titre est tiré du discours d’indépendance de Patrice Lumumba. Le livre examine les thèmes centraux de la sécurité et des droits de l’homme dans l’est de la région, en explorant également leurs liens avec les bouleversements environnementaux et climatiques, l’histoire coloniale du pays et l’impact de l’exploitation permanente des industries extractives sur la vie des Congolais. Le livre est enrichi par une collaboration avec la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre du programme « La vie après un conflit » qui documente la façon dont la population congolaise gère les conséquences et les réparations des crimes de guerre.


Alors que « Congo in Conversation » nous éclairait sur les réalités congolaises vues par des photographes congolais, ce livre présente un point de vue extérieur. Mais c‘est celui de quelqu’un qui cherche à comprendre son degré de complicité avec la transition et la réinvention qui se jouent sous ses yeux.

Quelques images du reportage de Finbarr O'Reilly en République démocratique du Congo

Drodro, province de l'Ituri, mai 2021. Un marché près de Drodro - Finbarr O'Reilly pour la Fondation Carmignac
Drodro, province de l'Ituri, mai 2021. Un marché près de Drodro - Finbarr O'Reilly pour la Fondation Carmignac
Site Kambe, province de l'Ituri, mai 2021. Jeanne Borive, 45 ans et huit enfants, a été séparée de son mari lorsqu’elle a fui son village de Lithe il y a deux ans et demi. Elle vit dans un camp de la communauté Hema, déplacée par les attaques des milices Lendu sur le territoire de Djugu. Elle a passé quatre heures à ramasser du bois pour cuisiner et vendre sur le marché local. « S’il y a la paix, je retourne chez moi. Sinon, je reste ici », affirme-t-elle.
Site Kambe, province de l'Ituri, mai 2021. Jeanne Borive, 45 ans et huit enfants, a été séparée de son mari lorsqu’elle a fui son village de Lithe il y a deux ans et demi. Elle vit dans un camp de la communauté Hema, déplacée par les attaques des milices Lendu sur le territoire de Djugu. Elle a passé quatre heures à ramasser du bois pour cuisiner et vendre sur le marché local. « S’il y a la paix, je retourne chez moi. Sinon, je reste ici », affirme-t-elle.
Cecede Ndrundro, province de l'Ituri, mai 2021. Cecede Ndrundro, 38, chef d'état-major de la milice Codeco dans un bar.
Cecede Ndrundro, province de l'Ituri, mai 2021. Cecede Ndrundro, 38, chef d'état-major de la milice Codeco dans un bar.
Bunia, province de l'Ituri, mai 2021. Des détenus préparent l’unique repas quotidien dans la prison centrale.
Bunia, province de l'Ituri, mai 2021. Des détenus préparent l’unique repas quotidien dans la prison centrale.
Iga Barrière, province de l'Ituri, mai 2021. Des mineurs d’or dans un bras excavé du fleuve.
Iga Barrière, province de l'Ituri, mai 2021. Des mineurs d’or dans un bras excavé du fleuve.
Iga Barrière, province de l'Ituri, mai 2021. Des mineurs d’or dans un bras excavé du fleuve. Les orpailleurs du Congo courent beaucoup de risques : 50 d’entre eux, essentiellement des jeunes, sont morts dans l’effondrement d’une mine en septembre 2020, et les enfants qui travaillent ici ne reçoivent ni soins ni éducation. La pandémie de Covid a propulsé le prix mondial de l’or à des sommets inégalés (2 048 $ de l’once, soit 31 g, en août 2021), alors qu’il a baissé chez les acheteurs locaux. Des centaines de milliers de Congolais, femmes et enfants compris, travaillent dans le secteur minier informel, essentiellement aurifère. L'exploitation minière artisanale de subsistance, c’est l'exploitation minière informelle et à petite échelle réalisée de manière indépendante par des personnes non officiellement employées par une société minière, en utilisant leurs propres moyens, généralement à la main
Iga Barrière, province de l'Ituri, mai 2021. Des mineurs d’or dans un bras excavé du fleuve. Les orpailleurs du Congo courent beaucoup de risques : 50 d’entre eux, essentiellement des jeunes, sont morts dans l’effondrement d’une mine en septembre 2020, et les enfants qui travaillent ici ne reçoivent ni soins ni éducation. La pandémie de Covid a propulsé le prix mondial de l’or à des sommets inégalés (2 048 $ de l’once, soit 31 g, en août 2021), alors qu’il a baissé chez les acheteurs locaux. Des centaines de milliers de Congolais, femmes et enfants compris, travaillent dans le secteur minier informel, essentiellement aurifère. L'exploitation minière artisanale de subsistance, c’est l'exploitation minière informelle et à petite échelle réalisée de manière indépendante par des personnes non officiellement employées par une société minière, en utilisant leurs propres moyens, généralement à la main
Nyamulagira, province du Nord-Kivu, mai 2021. Fumées et vapeurs toxiques s’échappent du cratère huit jours après l’éruption du volcan adjacent Nyiragongo.
Nyamulagira, province du Nord-Kivu, mai 2021. Fumées et vapeurs toxiques s’échappent du cratère huit jours après l’éruption du volcan adjacent Nyiragongo.
Goma, province du Nord-Kivu, mai 2021. Les habitants fuient l’éruption du Nyiragongo. Le Nyiragongo est l’un des volcans les plus actifs et les plus dangereux du monde. Le 22 mai 2021, il est entré en éruption et une énorme coulée de lave s’est arrêtée à peu de distance du centre de Goma et de son aéroport international, après avoir détruit 17 villages et tué au moins 32 personnes. Environ 20 000 habitants ont perdu leur maison. Le matin suivant, dès que la coulée s’est interrompue, beaucoup sont revenus en ville, mais plusieurs centaines de répliques sismiques ont affecté la population.
Goma, province du Nord-Kivu, mai 2021. Les habitants fuient l’éruption du Nyiragongo. Le Nyiragongo est l’un des volcans les plus actifs et les plus dangereux du monde. Le 22 mai 2021, il est entré en éruption et une énorme coulée de lave s’est arrêtée à peu de distance du centre de Goma et de son aéroport international, après avoir détruit 17 villages et tué au moins 32 personnes. Environ 20 000 habitants ont perdu leur maison. Le matin suivant, dès que la coulée s’est interrompue, beaucoup sont revenus en ville, mais plusieurs centaines de répliques sismiques ont affecté la population.
Drodro, province de l'Ituri, mars 2021. Des enfants déplacés jouent au football près de l’église catholique. La violence est devenue endémique dans les régions minières de l’est du Congo depuis la fin officielle de la guerre civile en 2003, mais l’insécurité s’est récemment aggravée. Le 6 mai 2021, le gouvernement a imposé l'état de siège pour tenter de mettre fin à l'effusion de sang. Les attaques de milices armées et les affrontements intercommunautaires ont fait plus de 1 500 personnes depuis 2017, malgré les efforts des troupes gouvernementales et des Casques bleus de l’ONU. La violence a enclenché une crise humanitaire, avec plus de 1,6 million de personnes déplacées sur une population de 5,7 millions dans l'Ituri, a annoncé l'Unicef en avril. Environ 2,8 millions d'entre elles ont besoin d'une forme ou une autre de secours d'urgence.
Drodro, province de l'Ituri, mars 2021. Des enfants déplacés jouent au football près de l’église catholique. La violence est devenue endémique dans les régions minières de l’est du Congo depuis la fin officielle de la guerre civile en 2003, mais l’insécurité s’est récemment aggravée. Le 6 mai 2021, le gouvernement a imposé l'état de siège pour tenter de mettre fin à l'effusion de sang. Les attaques de milices armées et les affrontements intercommunautaires ont fait plus de 1 500 personnes depuis 2017, malgré les efforts des troupes gouvernementales et des Casques bleus de l’ONU. La violence a enclenché une crise humanitaire, avec plus de 1,6 million de personnes déplacées sur une population de 5,7 millions dans l'Ituri, a annoncé l'Unicef en avril. Environ 2,8 millions d'entre elles ont besoin d'une forme ou une autre de secours d'urgence.
Bambu, région d'Ituri, mai 2021. Ce qui reste de l’ancien hôpital de la mine d’or belge de Kilo-Moto.
Bambu, région d'Ituri, mai 2021. Ce qui reste de l’ancien hôpital de la mine d’or belge de Kilo-Moto.

Lauréat

Finbarr O’Reilly, photographe indépendant et journaliste multimédia, est l’auteur d’un récit de souvenirs paru chez Penguin Random House en 2017, Shooting Ghosts, A U.S. Marine, a Combat Photographer, and Their Journey Back from War (La chasse aux fantômes, retour du front d’un Marine et d’un photographe de guerre). Finbarr O’Reilly a vécu 12 ans en Afrique occidentale et centrale et couvert vingt ans de conflits au Congo, au Tchad, au Soudan, en Afghanistan, en Libye et à Gaza. Choisi pour réaliser les images de l’exposition «Crossroads Ethiopia» autour du prix Nobel de la paix 2019 Abiy Ahmed Ali, il est fréquemment publié dans le New York Times et son travail lui a valu de nombreuses récompenses professionnelles, dont le premier prix dans la catégorie Portraits au World Press Photo Awards en 2019. Il a également été lauréat du World Press Photo of the Year en 2006 .

Photographes

Arlette Bashizi | Dieudonne Dirole | Charly Kasereka | Justin Makangara | Al-Hadji Kudra Maliro | Guylain Balume Muhindo | Guerchom Ndebo | Baron Nkoy | Raissa Karama Rwizibuka | Moses Sawasawa | Pamela Tulizo | Ley Uwera | Bernadette Vivuya | Steve Wembi

Finbarr O’Reilly : Et quel rôle la photographie et les photographes peuvent-ils avoir en informant ou en sensibilisant les gens sur des pays comme le Congo ?

Comfort Ero : Les médias sont vitaux parce qu’on a tendance à les consulter en premier. Ils façonnent notre vision des choses avant que nous passions à des analyses plus complexes.

F. O. R. : Mais dans un pays comme le Congo, est-il important d’équilibrer une documentation quasi judiciaire avec des images plus nuancées de la vie quotidienne ?

C. E. : Certaines critiques acerbes pointent même le voyeurisme dans le travail des journalistes et des photographes. Ma réponse est simple : que nous choisissions ou non de la regarder, la souffrance existe. Donc, si l’on cherche un moyen efficace de militer pour la fin de la guerre, les images peuvent y aider. C’est aussi un outil d’une grande force émotionnelle, ce que ne sont pas toujours les mots. Voilà pourquoi nous essayons d’incorporer des photos et des vidéos dans notre propre travail.

F. O. R. : Quel est votre degré d’optimisme quant à l’avenir politique du Congo ?

C. E. : Je pense que beaucoup dépend du prochain cycle électoral. La photographie étant un observateur indépendant très important, j’espère que les photographes que vous avez déployés sur le terrain et à qui vous avez ouvert de belles carrières seront les yeux, les oreilles et les vigies dont nous avons besoin.

Conversation : Comfort Ero & Finbarr O’Reilly
Comfort Ero, présidente et directrice générale de l'ONG International Crisis Group et Finbarr O'Reilly, lauréat du Prix Carmignac du photojournalisme.
Extrait du catalogue, Congo, Une Lutte Sublime, juin 2022.

© Finbarr O'Reilly

À PROPOS DU PHOTOJOURNALISTE

Finbarr O’Reilly, photographe indépendant et journaliste multimédia, est l’auteur d’un récit de souvenirs paru en 2017, Shooting Ghosts, A U.S. Marine, a Combat Photographer, and Their Journey Back from War (La chasse aux fantômes, retour du front d’un Marine et d’un photographe de guerre). Finbarr O’Reilly a vécu 12 ans en Afrique occidentale et centrale et couvert vingt ans de conflits au Congo, au Tchad, au Soudan, en Afghanistan, en Libye et à Gaza.

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Le Jury

Simon Baker - directeur de la Maison européenne de la photographie
Maryline Baumard - rédactrice en chef du Monde Afrique
Comfort Ero - directrice Afrique de Crisis Group
Meaghan Looram - directrice de la photographie du New York Times
Julienne Lusenge - présidente du SOFEPADI et Directrice du Fonds pour les femmes congolaises (FFC)
Fiona Shields - directrice de la photographie du Guardian
Tommaso Protti - lauréat de la 10e édition du Prix Carmignac du photojournalisme

Drodro, province de l’Ituri, mai 2021. Service religieux du dimanche.  Mai 2021 © Finbarr O’Reilly pour la Fondation Carmignac

MONOGRAPHIE

CONGO, UNE LUTTE SUBLIME

Coédition : Reliefs x Fondation Carmignac
Parution : 17 juin 2022
Format : 24 × 28 cm, 128 pages
Prix : 35 euros, 45 USD, 58 CAD, 35 GBP (tbc)
Textes : Finbarr O’Reilly, Comfort Ero, Juge Antoine Kesia-Mbe Mindua de la CPI
Photographies : Finbarr O’Reilly
Distribution : Harmonia Mundi
EAN 9782380360240

Monographie Congo in Conversatiob

Monographie

Congo in Conversation

Coédition : Reliefs Editions / Fondation Carmignac
Parution : 10 novembre 2020
Format : 21 × 28 cm, 128 pages
Prix : 35 euros, 45 USD, 58 CAD, 35 GBP
Textes : Préface de Finbarr O’Reilly, Conversation entre Mark Sealy, Finbarr O’Reilly et Emeric Glayse
Photographies : Finbarr O’Reilly et les contributeurs de Congo In Conversation
Distribution : Harmonia Mundi
EAN : 9782380360240

Les autres lauréats

Kadir van Lohuizen

Yuri Kozyrev & Kadir van Lohuizen


9e Prix Carmignac du photojournalisme, ARCTIQUE - NOUVELLE FRONTIERE

9e édition - Arctique
Tommaso Protti

Tommaso Protti


10e édition - Amazonie
Leobaldo Vásquez (65 ans) à Araya, Sucre en mars 2022 - © Fabiola Ferrero pour la Fondation Carmignac

Fabiola Ferrero


12e édition - Venezuela
Bukavu, RDC, Août 2020. Des fans de mode affichent leur style dans les rues de la capitale du Sud-Kivu - Raissa Karama Rwizibuka pour la Fondation Carmignac

Découvrez le projet collaboratif "Congo in Conversation"

Expositions & événements

Photojournalisme

Exposition : La vie après un conflit


27 juin 2022 - 29 juillet 2022

Siège des Nations Unies, NEW YORK, USA

Bukavu, RDC, Août 2020. Des fans de mode affichent leur style dans les rues de la capitale du Sud-Kivu - Raissa Karama Rwizibuka pour la Fondation Carmignac
Photojournalisme

Congo in conversation - Exposition


9 septembre 2022 - 16 octobre 2022

Bronx Documentary Center, New York

Photoville © Malin Fezehai
Photojournalisme

Congo in Conversation - New York


18 septembre 2021 - 1 décembre 2021

Brooklyn Bridge Park, New York