La Villa

CMOIRENC 184294

« Ce lieu a été créé pour le plaisir de partager ce que j’aime avec le plus grand nombre. Je préfère le mot «partager» à celui de «transmettre». C’est la raison pour laquelle j’aime les œuvres accessibles. »

Édouard Carmignac


Au départ, il y avait une ferme, visible dans le film de Jean-Luc Godard « Pierrot le fou ». Dans les années 1980, un architecte inventeur de la terre armée, Henri Vidal, transforme la ferme en villa. Invité au mariage d’une de ses filles, Édouard Carmignac tombe sous le charme du domaine. Il imagine en faire plus tard un lieu dédié aux arts. Ce projet prend forme ces dernières années, avec la participation de l’atelier Barani pour la conception, puis de l’agence GMAA pour l’adaptation et le prolongement du projet.

La Villa Carmignac est insérée au cœur d’un Parc national et sur un site classé, aucune emprise supplémentaire sur le sol n’est possible. Tout le projet a donc consisté à dégager 2000 m2 d’espace sous la surface du sol, sans que les contours de la maison ni le paysage existant en soit modifiés.

A l’intérieur de la villa, les espaces se dilatent et se déploient en forme de croix. Au centre, un plafond d’eau laisse pénétrer la lumière naturelle et éclaire les espaces ainsi immergés. Le visiteur déambulera librement dans des espaces amples et ponctués de percées visuelles sur les vignes.

Dans un geste sobre et intégré au paysage, le bâtiment répond techniquement à toutes les normes muséales, permettant à la Villa Carmignac d’accueillir des œuvres dans les meilleures conditions.

L'Architecture de la Villa

Photo C. Moirenc
Photo C. Moirenc
photo : C. Moirenc
photo : C. Moirenc
Photo C. Moirenc
Photo C. Moirenc
Photo C. Moirenc
Photo C. Moirenc
photo : Laurent Lecat
photo : Laurent Lecat
Photo Laurent Lecat
Photo Laurent Lecat

Les oeuvres permanentes de la Villa

Miquel Barceló

Né en 1957 à Felanitx, Espagne

Photo Camille Moirenc
Photo Camille Moirenc

Alycastre, 2018

Accueillant les visiteurs à l’entrée de la Villa Carmignac, l’imposante sculpture de l’artiste espagnol Miquel Barceló s’inspire de la figure mythique de l’Alycastre, le dragon légendaire de Porquerolles. Le récit veut qu’Ulysse, sur la route d’Ithaque, échoua sur une plage de l’île et dut combattre l’animal envoyé par Poséidon. Terrassé par le héros, la créature au sang d’or demanda alors que cet endroit porte son nom. Mi tête-de-mort mi monstre marin, l’oeuvre de Miquel Barceló apparaît comme le gardien des lieux. Il rappelle à la fois l’univers mythologique de l’Odyssée et celui de la piraterie, qui sévit longtemps sur l’île, et dont les nombreuses grottes auraient servi à cacher les butins. Ce sont aussi des terrains d’exploration appréciés de l’artiste espagnol, passionné d’art pariétal et de fonds marins, motif récurrent dans son travail.

Miquel Barceló

Né en 1957 à Felanitx, Espagne

Photo Luc Boegly
Photo Luc Boegly

Not yet titled, 2018

L’idée de cette peinture hors norme, réalisée spécialement pour le site de Porquerolles, est venue à Miquel Barceló après une baignade sur l’île. Le poulpe qu’il voit en plongeant se retrouve dans ce paysage aquatique monumental, parmi d’autres spécimens représentés, surdimensionnés eux aussi. Tous paraissent évoluer sereinement sur la toile, baignée par la lumière naturelle que laisse pénétrer un plafond d’eau, éclairant la salle comme le fond des mers. L’impression d’immersion devient palpable, l’expérience singulière, le temps suspendu. Cette peinture rejoint l’autre œuvre de commande faite à l’artiste par la Fondation Carmignac - L’Alycastre - ainsi qu’une seconde toile de Barceló présente dans la collection sur le thème des fonds marins, qui sont pour lui un terrain propice à de nouvelles expérimentations.

Bruce Nauman

Né en 1947 à Fort Wayne, Etats-Unis

Photo M. Domage
Photo M. Domage

One hundred fish fountain, 2005

Cette œuvre permanente s’inscrit dans la ligne des sculptures d’animaux réalisées par Bruce Nauman depuis Carousel (1988). Les créatures hybrides et tragiques du début ont laissé place au réalisme et à la vie. Les sept espèces de poissons parfaitement représentées ici sont celles que l’artiste avait l’habitude de pêcher, enfant : poisson-chat, saumon, bar, lavaret… La répétition, le bruit, le silence, l’impénétrabilité de l’installation donnent à cette œuvre un souffle particulier.
One Hundred Fish Fountain, une œuvre qui résonne dans ce cadre insulaire et qui renvoie avec gaieté et gravité à la condition humaine.

Janaina Mello Landini

Née en 1974 à São Gotardo, Brésil

Photo Janaina Mello Landini
Photo Janaina Mello Landini

Ciclotrama 50 (wind), 2018

L’artiste brésilienne Janaina Mello Landini tisse et habille l’espace comme quelqu’un tresse et défait une corde. Connue pour ses grandes installations in situ qu’elle développe depuis huit ans sous le terme de Ciclotramas, elle cherche à créer des oeuvres qui découlent d’un désir de capter l’expérience et de redéfinir les espaces à travers un ensemble de chemins, de mouvements et de flux composés de parties connectées et interdépendantes. Les enchevêtrements de cordes et fils en nylon que Janaina Mello Landini défait, tisse et réagence créent une expérience physique de tension à travers des réseaux imaginaires. La chorégraphie créée par les entrelacements et les enroulements des fils, parfois flottant dans l’espace, parfois fixés à des supports, résulte en un corps organique. Assimilés à des structures naturelles telles les racines d’une plante, des terminaisons nerveuses ou des structures microscopiques, les Ciclotramas tendent à recréer une sorte de cartographie sociale de réseaux individuels décrivant l’infinité des imbrications et des interdépendances de nos existences à travers différents systèmes de vie.

Tony Matelli

Né en 1971 à Chicago, États-Unis

Photo : L. Boegly
Photo : L. Boegly

Weed (#389), 2017

Réinterprétant avec humour l’hyperréalisme américain, Tony Matelli est connu pour ses sculptures surprenantes, parfois dérangeantes, qui viennent perturber l’espace. Ici, de la lumière du soleil et de l’eau – omniprésentes dans l’exposition – l’artiste fait naître Weed (#389). Poussant chaque année à l’intérieur de la Villa, la jeune plante, telle une mauvaise herbe, transperce le sol pour rentrer en résistance avec l’architecture. Comme un geste d’activisme écologique, entre réalité et imaginaire, l’œuvre devient la représentation de la relation entre les jardins et la Villa, témoin de la porosité du lieu.